Enfant d’une riche famille de l’aristocratie japonaise, celui qui est aujourd’hui considéré comme l’un des plus importants maîtres zen a connu la vacuité des luttes de pouvoir et d’argent. Toute sa vie reflète cette recherche d’une vérité derrière les apparences décevantes et malgré les enfermements dans des pratiques perdant leur sens à force de répétitions irréfléchies, de cristallisation dans la tradition. Tout comme Bouddha, il nous invite à nous détacher des apparents objets de satisfaction pour trouver l’essence d’une vie et d’un être, seule source de bonheur réel.
Enseignements de Maître Dōgen
Un enfant riche et malheureux, comme le fût Bouddha
Né à Kyoto en 1200, Dogen fût le descendant d’un empereur. Il grandit dans une famille aisée et dans un Japon soumis à d’incessantes luttes entre clans, entre le pouvoir de l’empereur et celui des shoguns. Il découvrira très vite la vacuité de la richesse et des luttes de pouvoir et se trouvera extrêmement malheureux de ne trouver que ces questions partout autour de lui. Sa mère, juste avant de mourir, alors qu’il n’a que huit ans, lui conseille de devenir moine. Il sera élevé par son oncle, poète, qui lui donnera déjà un goût de ce qu’il peut y avoir au-delà des apparences et de la vacuité des luttes. Son enfance et les événements qui la marquent le préparent donc à chercher plus loin que ce qu’un Japon féodal et en proie à de continuelles luttes pour l’argent et le pouvoir ne peut lui offrir.
Le développement de l’école Sōtō ou Caodong au Japon
S’interrogeant en permanence sur les raisons qui poussent ses maîtres et coreligionnaires à agir, il se détachera de sa première école, l’école Tendai, dont la pratique se sclérose. Il fera la découverte du zen Rinzai qui lui apportera de premières réponses. Bien que Rinzai ait été un grand réformateur du bouddhisme, Dogen verra rapidement ses exigences évoluer. Ne trouvant pas de réponses satisfaisante mais s’étant découvert un intérêt pour le zen, il se rendra aux sources même du bouddhisme zen : en Chine.
Là, aura lieu la rencontre décisive, celle qu’il attendait probablement. Un moine cuisinier (tenzo) qui cherchait de la nourriture monte sur le bateau qui amenait Dogen en Chine et ce dernier l’invite à rester. Le moine décline, Dogen, comme à son habitude, le questionne. Le moine lui fait alors une réponse qui ne pouvait que plaire à Dogen : « Vous semblez bien ignorant de ce que signifient la pratique et l’enseignement du bouddhisme ». Lui qui cherche, désire pousser toujours plus loin sa réflexion et sa manière d’appréhender les choses ne peut qu’être séduit et il acceptera l’invitation du moine à venir au temple Keitoku-ji.
Là, il trouve de quoi exercer un bouddhisme débarrassé de tout ce qui s’y est fixé par l’habitude, par la répétition irréfléchie. Le cuisinier du temple lui explique que « Nulle part la Voie n’est dissimulée ». Elle est là, accessible, et elle se trouve partout, dans le moindre geste. Elle ne demande que du travail. Cela est une véritable révélation pour Dogen qui sait désormais qu’il peut pratiquer en s’éloignant des conventions qui ne sont que des conventions, sans fondement autre qu’une décision. Au cours d’une séance de zazen, il a une révélation et atteint satori, l’éveil spirituel. Il rentrera quelques années après au Japon, chargé par son maître de transmettre son enseignement pour aider à l’éveil.
Une pratique dénuée du poids des traditions
À son retour au Japon, Dogen dira « Je suis revenu les mains vides ». Là réside la caractéristique principale de l’enseignement de son enseignement. Il n’est besoin de rien pour trouver la Voie. Seule la pratique et le travail sur soi peuvent y mener. Suffisent un constant questionnement comme celui qu’il a pratiqué sa vie durant et une pratique quotidienne.
Son œuvre la plus importante : Shōbōgenzō
Le Shōbōgenzō, l’œuvre principale de Dogen est à l’image de sa vision du bouddhisme. Il y mêle plusieurs traditions, emprunte à chacune ce qu’il y trouve de bon, n’hésite pas à associer des textes poétiques à des koans. Tout cela, pour lui, n’est qu’une variété de moyens conduisant à l’éveil spirituel. Ils ne sont pas des fins et ne doivent pas être vus comme en étant. L’œuvre, en 95 chapitres, révèlent la manière de penser de Dogen, autant à travers les textes eux-mêmes qu’à travers leur choix, leurs alliances, leurs mises en regard. Il y traite de sujets aussi divers que la vie monastique, le temps, le langage, parce que tout intéresse le pratiquant, tout le concerne. Largement inspirés par la culture chinoise, les textes révèlent à quelle point cette dernière à été influente dans la vie de celui qui deviendra un maître zen parmi les plus importants.
Une autre œuvre : Enseignement du maître zen Dogen
Ce recueil regroupe les paroles du maître zen à ses élèves. Compilés peu de temps après sa mort, ils restent bien sûr des paroles transmises. Pris avec toutes les précautions qui s’imposent, le livre révèle de manière très intéressante la vision qu’avait Dogen de l’éveil, de la voie qui y mène, du travail personnel nécessaire, de la rigueur dans ce travail et de la nécessité de se libérer de tout ce qui l’entrave ou relève d’un protocole sclérosé.
Dogen, pour le pratiquant du zen comme pour celui qui s’intéresse à la philosophie est intéressant à plus d’un titre. Sa manière de se dégager de tout ce qui l’entrave, sa recherche permanente, son questionnement auquel rien n’échappe devraient guider l’un comme l’autre. Finissons sur ces paroles qui résument sa vision :
Vous devez abandonner une pratique fondée sur la compréhension intellectuelle, courant après les mots et vous en tenant à la lettre. Il vous faut apprendre le demi-tour qui dirige votre lumière vers l’intérieur pour illuminer votre vraie nature.
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- Polir la lune et labourer les nuages : Oeuvres philosophiques et poétiques
- La Vision immédiate : Nature, éveil et tradition selon le Shobogenzo
- Shôbôgenzô, la vraie Loi, Trésor de l’Oeil : Traduction intégrale Tome 1
Sources : Wikipédia
Sujets abordés dans l’article :
- Dogen et le shobogenzo
- Écrits du maître zen dogen
- Enseignement du Maître Dogen
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- Shobogenzo dogen
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